L’ortie (Urtica dioica L.)

L’ortie (Urtica dioica L.)

Considérée souvent comme une mauvaise herbe, piquante et envahissante, Urtica dioica, l’ortie possède pourtant d’intéressantes vertus médicinales.

  1. Description botanique

L’ortie qui se nomme aussi grande ortie, ortie dioïque, ortie commune, ortie feuille ou vivace, est cosmopolite, dans les pays tempérés. D’un vert sombre, cette plante herbacée et vivace de la famille des Urticaceae, peut atteindre 1,5m. Elle apprécie les sols riches en nitrate (nitrophile). On la trouve volontiers dans les fossés, dans les haies, les jardins, les lisières ou les cultures. Son rhizome est ramifié. Les feuilles ovales et dentées, peuvent ressemblées à un cœur. Les feuilles et les tiges sont recouvertes de petits poils urticants. Les petites fleurs blanches sont disposées en grappes à l’aisselle des feuilles. Les petits fruits sont ovoïdes.

  1. Composition des feuilles d’ortie

Les minéraux représentent 20% de la composition des feuilles. Les feuilles sont riches en  calcium, potassium, silice, magnésium, phosphore, fer, zinc, souffre et manganèse.

Les flavonoïdes (polyphénols) composent les feuilles à hauteur de 2%, comme la quercétine et le kaempférol.

De nombreuses autres substances constituent les feuilles : acides organiques (acide caféique, citrique, férulique, phosphorique, cafféoyl-malique…) ; stérols (scopolétol, sitostérol) ; tanins ; chlorophylle ; caroténoïde, glycoprotéines, acides aminés (glutamine, alanine, valine…) ; vitamines A,C,K,B2,B9, huile essentielle.

Les substances urticantes des poils sont en faibles quantité : histamine, sérotonine, acétylcholine, leucotriènes et acide formique.

  1. Propriétés pharmacologiques des feuilles d’ortie
  • Propriétés anti-inflammatoires : Les feuilles inhibent la biosynthèse des enzymes de la cascade de l’acide arachidonique bloquant ainsi la synthèse des prostaglandines et du thromboxane. Elle inhiberait aussi la transcription de NFkappaB et diminue in vitro les métaloprotéinases surexprimées sur les chrondrocytes lors de douleurs articulaires. L’ortie potentialise l’effet des AINS chez les patients souffrant de rhumatisme.
  • Propriétés analgésiques : les flavonoïdes et l’acide caféique auraient un effet dépresseur sur le système nerveux central induisant une plus grande résistance à la douleur.
  • Propriétés immunomodulantes et anticancéreuses : en inhibant l’activation des lymphocytes T, les feuilles d’orties pourraient est une piste thérapeutique dans la polyarthrite rhumatoïde. Une étude in vitro a montré que les composés phénoliques, les acides caféique et cafféyol-malique, ont des activités antiprolifératives et apoptotiques sur certaines lignées cellulaires comme le glioblastome.
  • Propriétés antiasthéniques 
  • Propriétés antioxydantes : probablement en raison des polyphénols, les feuilles d’ortie diminuent la péroxydation des lipides, active la défense antioxydante et seraient hépatoprotectrices.
  • Propriétés antiallergiques : les mécanismes seraient l’inactivation des récepteurs H1 de l’histamine, l’inhibition de la tryptase et des cyclo-oxygénases 1 et 2.
  • Propriétés hypoglycémiantes : modulation des GLUT 4 (transporteur du glucose), baisse de l’absorption intestinale du glucose, modulation de voies cellulaires comme l’augmentation du NO.
  • Propriétés cardiovasculaires : hypolipémiantes, hypotensives, antiagrégantes plaquettaires, anti-athérosclérose.
  • Autres propriétés : gastroprotection et anti-infectieuses

L’agence européenne du médicament reconnait l’usage traditionnel des feuilles d’ortie pour soulager les douleurs articulaires mineures et pour augmenter la production d’urine.

Traditionnellement, les feuilles d’orties étaient utilisées en raison de leurs activités diurétique, antianémique, antigoutteuse, reminéralisante et antirhumatismale.

  1. Indications

En raison de ses multiples propriétés, les feuilles d’ortie sont particulièrement indiquées en rhumatologie et en algologie :

– arthrose, tendinopathie, enthésopathie,

– ostéoporose, algodystrophie

– consolidation de fracture

– douleurs neuropathiques des diabétiques

– douleurs des dystrophies de croissance (Scheuermann, Osgood-Schlatter, Sever)

– rhumatisme inflammatoire (PR, SA…)

D’autres indications sont :

  • Parodontophaties
  • Allergies saisonnières
  • Asthénie (post-infectieuse, déficit en fer, syndrome métabolique)
  •  
  1. Toxicité

Aucune connue à ce jour

  1. Contre-indications

Hypersensibilité aux substances actives

Maladie cardiaque sévère

Insuffisance rénale sévère

Aucune interaction médicamenteuse connue à ce jour

  1. Effets secondaires

Excellente tolérance

Rares troubles digestifs ou réactions cutanées

  1. Associations

Les feuilles d’orties peuvent s’associer avec d’autres plantes au sein de formule en préparation magistrale ou en complément alimentaire.

On peut citer par exemple la prêle, les feuilles de cassis, la scrofulaire, le curcuma, le chardon-Marie, la reine des prés, le saule blanc…

  1. Formes

Il est possible de trouver des feuilles d’ortie sous forme sèche (poudre, extrait sec, extrait titré, gélule de 200 à 500mg). Les formes liquides sont disponibles : extrait fluide de plante fraîche standardisé, suspension intégrale de plante fraîche, macérât, teinture-mère, extrait fluide glycériné miellé.

Les tisanes de feuilles d’ortie séchées peuvent être consommées en infusion 1 cuillère à soupe de feuilles dans 150ml d’eau bouillante.

Les feuilles d’orties peuvent aussi agrémentées les salades, omelettes, rizottos, viandes, poissons, poêlées de légumes ou pommes de terre sautées…

L’eau de feuille d’Ortie (au printemps ou en début d’été) en laissant infusée une dizaine de jeunes feuilles fraiches dans 1 litre d’eau froide sera désaltérante.

  1. Avant de ramasser et de consommer une plante, il est important de bien connaître la plante et savoir comment la reconnaître.

Source : Grand Manuel de Phytothérapie,  Dr Eric Lorrain, Edition Dunod