L’Hélichryse (H. italicum, H. stroechas…), la reine de la garrigue

  1. Description botanique (à découvrir en vidéo)

L’immortelle ou l’hélichryse compte environ 500 espèces que l’on rencontre autour du bassin méditerranéen (Italie, Corse, Grèce, Balkans, Maghreb, Espagne, Midi). Elle appartient à la famille des astéracées.

Cette plante vivace et herbacée pousse en petites touffes de 30 à 50 cm de haut. Elle apprécie les sols drainés, sablonneux, secs et ensoleillés (garrigue, maquis, littoral, pierriers). Ces tiges sont tomenteuses (couvertes d’un duvet). Ces feuilles sont de couleur argentée, alternes, fines et molles. Ces sommités fleuries sont organisées en nombreux petits capitules jaune d’or qui ne fanent pas, lui conférant ainsi son nom d’immortelle. Helichrysum italicum possède des petits capitules de 2 à 4 mm de diamètre, plus nombreux que ceux de Helichrysum stroechas (hélichryse des dunes). L’odeur des fleurs et des feuilles rappellent celle du curry.

Helichrysum italicum est l’espèce la plus étudiée et est utilisée pour la distillation en huile essentielle (HE). 120 hectares sont cultivés en Corse pour fabriquer l’HE.

Les parties utilisées sont les sommités fleuries. Il est possible aussi d’utiliser les feuilles qui sont aromatiques pour les préparations de plantes entières (cuisine, macérât huileux, infusion, etc.). Helichrysum stroechas peut également être employée.

  1. Cultiver l’hélichryse chez soi

Nous pouvons trouver en jardinerie ou chez un pépiniériste horticulteur des plants d’hélichryse italienne (plante à curry). Son exposition sera plein soleil (rocailles, massifs, balcon) sur un sol bien drainé (sable). Il est inutile de l’arroser (sauf lors du repiquage). Il est possible aussi de la semer et de la bouturer. En fin d’été, il faudra couper les parties aériennes sèches afin d’éviter qu’elle produise trop de bois l’année suivante. Elle peut supporter le froid, surtout en sol drainé, jusqu’à – 12°C.

  1. Composition des sommités fleuries

Huile essentielle (cf ci-dessous)

Plusieurs polyphénols comme les glycosides d’acide hydroxybenzoïque et d’acide hydroxycinnamique, flavones, flavonols, flavanones, quercétagétine, scutellaréine…

Dérivés du phloroglucinol (arzanol).

Arénol

  1. Composition de l’huile essentielle

Esters terpéniques, cétones, sesquitterpènes, monoterpénols, limonène…

La composition varie selon la provenance des plantes.

Citons l’HE corse qui contient des dérivés oxygénés (acétate et propionate de néryle, cétones). L’HE grecque est riche en géraniol, acétate de géranyle et nérolidol. Celle de Toscane renferme de l’alpha-pinène, de l’acétate de néryle et des hydrocarbues sesquiterpéniques.

  1. Propriétés pharmacologiques
  • Propriétés pharmacologiques de la plante :`

      Anti-inflammatoire et antalgique

      Anti-oxydante, inhibition de la peroxydation lipidique

      Anti-infectieuse, antibactérienne, antivirale

      Cicatrisante, vulnéraire

      Antispasmodique intestinal (Helichrysum stoechas) 1 

  • Propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle

       Anti-hématome et anti-ecchymotique (les bétadiones accéléreraient la chélation de la fibrine)

       Anticoagulante, antiphlébitique, cicatrisante

       Antispasmodique

       Anti-inflammatoire

       Anti-allergique

       Antiproliférative

       Antimutagène

       Anticatarrhale, mucolytique

      Activité antibactérienne modérée par interaction avec le biofilm de Staphylococcus   aureus

      Synergie avec des antibiotiques (bêta-lactamines, quinolones, et chloramphénicol par activité sur les pompes à efflux), réduction de la résistance multiple d’Enterobacter aerogenesEscherichia coliPseudomonas aeruginosa et Acinetobacter baumannii.     

  1. Indications
  • Plante entière

Usage externe : hématomes ; cicatrisation des plaies ; prévention des infections de plaies ; rosacée ;  varicosité ; contusions musculaires

Usage interne (infusion) : -Troubles digestifs (ballonnements, crampes, flatulences)                                                                                  – Infections respiratoires et ORL : toux, bronchite, pharyngite, laryngite, trachéite

  • Huile essentielle

Hématomes externes mêmes anciens, phlébites et paraphlébites, ecchymoses, acrosyndrome, œdème

Rhumatismes, arthrite, polyarthrite

Varicosités, couperose

Bronchite, rhinopharyngite

Maladie de Dupuytren en applications locales

Trouble hépatique, hépatite, cirrhose 

Hypercholestérolémie, bourdonnements d’oreille              

  1. Toxicité

Risque de neurotoxicité de l’huile essentielle (voie interne) en raison de la présence des cétones. En raison de ce risque, la voie interne pour l’huile essentielle est à limiter (dosage faible).

Pas de toxicité décrite pour l’utilisation de la plante entière.

  1. Contre-indications 

Allergie aux astéracées

Grossesse, allaitement, jeune enfant de moins de 3 ans.

Précautions d’emploi : anticoagulant, antiagrégant plaquettaire

  1. Effets secondaires

Ulcérations gastriques en cas de prise orale de fortes doses d’huile essentielle.

  1. Exemples d’associations pour usage externe

Macérat huileux d’Arnica (Arnica montana ou Arnica chamissanis), auquel on rajoute de l’HE Hélichryse (Helichrysum italicum) et de l’HE de Laurier noble (Laurus nobilis) = huile de massage pour soulager les contusions musculaires.

Macérât huileux de Millepertuis* (Hypericum perforatum) + HE d’Hélichryse italienne (Helichrysum italicum) + HE eucalyptus citronné + HE camphre = huile de massage pour soulager les tendinites.

Onguent pour soulager les articulations : Macérat huileux d’Hélichryse et de Millepertuis* (50/50) + Cire d’Abeille + HE de Lavande aspic (Lavandula spica) + HE de Gaulthérie (Gaulthéria fragrantissima) + HE de Giroflier (Syzygium aromaticum).

* en l’absence de contre indication au Millepertuis (nombreuses interactions médicamenteuses). En cas de doute ou de prise de traitement, remplacer le macérât huileux de Millerpertuis par un macérat huileux d’Arnica ou de Gingembre et Piment.

  1. Formes

Huiles essentielles

Macérat huileux des sommités fleuries

Infusions des sommités fleuries (15 à 30 g par litre)

Teinture des feuilles et des sommités fleuries sèches : 100g de plantes finement coupées pour 500ml d’alcool à 45°

Recette de teinture de la teinture d’hélichryse (1:5, OH 45°)

a. Faire sécher les feuilles et sommités fleuries d’hélichryse à l’abri du soleil ou acheter la plante sèche. Elle doit rester aromatique en conservant son odeur de Curry.

b. Mettre dans 1 bocal stérilisé fermant hermétiquement la plante sèche coupée finiment.

c. Recouvrir d’alcool à 45°. Il faut 500ml d’alcool pour 100g de plantes sèches. La plante doit être complètement recouverte d’alcool. Si la plante n’est pas entièrement recouverte, rajouter de l’alcool et lester l’hélichryse.

d. Fermer le bocal hermétiquement.

e. Laisser macérer pendant 2 semaines, à l’abris des UV en secouant 1 à 2 fois par jour.

f. Presser et filtrer le macérât.

g. Puis mettre en bouteille et étiqueter.  

  1. Avant de ramasser et de consommer une plante, il est important de bien la connaître et de savoir comment la reconnaître. La cueillette doit être raisonnable et raisonnée.

 

Sources :

  1. Involvement of NO/cGMP Signaling Pathway, Ca(2+) and K(+) Channels on Spasmolytic Effect of Everlasting Flower Polyphenolic Extract (Helichrysumstoechas (L.) Moench).Valero MS, López V, Castro M, Gómez-Rincón C, Arruebo MP, Les F, Plaza MÁ.Int J Mol Sci. 2022 Nov 20;23(22):14422. doi: 10.3390/ijms232214422.

www.Wikiphyto.org

https://www.altheaprovence.com/helichryse-helichrysum-italicum-grande-reparatrice-de-la-peau/

Se soigner par les plantes, Dr Gilles Corjon